Bulletin : Chapelle St Joseph - Nov 2018 (No. 3)

La Bonne Nouvelle de Calédonie
À la fin de l’année liturgique, notre bonne et sainte mère l’Église nous fait méditer la Justice de Dieu au jugement dernier, qui sera alors manifestée dans toute sa perfection et au monde entier, lorsque toutes les âmes sans distinction recevront leur sentence définitive pour le ciel ou pour l’enfer. Après des signes effrayants qui dessécheront de frayeur les vivants, les corps des morts ressusciteront et seront unis de nouveau à leurs âmes, descendues du ciel ou vomies des enfers. C’est parce que le corps et l’âme furent unis en cette vie pour servir ou offenser Dieu, qu’ils doivent être jugés ensemble. Alors il sera rendu compte ouvertement de tout bien et de tout mal, de l’emploi de chaque instant donné par Dieu à chacun dans l’épreuve de son pèlerinage terrestre.
On aime les titres que Dieu porte de père, et de bienfaiteur... Et on oublie vite que ce même Dieu est appelé ailleurs dans les mêmes écritures un Dieu terrible, un Dieu jaloux et un Dieu de vengeance. Il nous est facile et à vrai dire rassurant de nous dire que Dieu est bon, ce qui est très vrai, Dieu est en effet infiniment bon et miséricordieux. Mais Dieu est aussi infiniment juste, et Dieu nous jugera, il séparera à jamais le bon grain d’avec l’ivraie. Dans son infinie bonté Dieu s’est revêtu de nos infirmités. Il s’est incarné et s’est couché dans une crèche. Doux et obéissant comme un agneau, il fut jugé par les hommes afin de les racheter. Durant sa Passion, Il fut rassasié d’opprobres, couronné d’épines, accablé sous le pesant fardeau de sa Croix, cloué sur cette même Croix où il offrit son Sacrifice. Notre Seigneur voulut souffrir d’autant plus que ses souffrances nous rendaient plus évidentes sa charité et sa miséricorde. Mais si la plus grande partie de notre année liturgique se passe à méditer combien Dieu est bon, méditons du moins cette fois que c’est un Dieu revêtu de tout l’éclat de sa puissance et de sa majesté qui nous reviendra. Un Dieu qui fera annoncer sa venue par l'éclipse du soleil et de la lune, par la chute des étoiles, par la fournaise du feu et l’impétuosité des vents et des mers, par un bouleversement complet de la nature. C’est un Juge justement irrité, qui viendra juger les hommes dans toute la rigueur de sa Justice.
Quel mystère! C’est le même Dieu qui, dans la douceur et l’humilité de son coeur de bon pasteur est venu chercher la brebis égarée afin de lui pardonner, qui a aussi créé l’enfer avec ses tourments et ses supplices éternels, pour les anges déchus rejoints par les pécheurs impénitents. Pour le comprendre il faudrait connaître l'incompréhensible grandeur de Dieu, la dignité infinie de sa personne. Il faudrait connaître la gravité, la malice et l'énormité d'un péché, qui est aussi infini, à cause de la majesté infinie de celui qui est offensé. Le péché étant directement opposé à Dieu, Dieu est comme obligé, du fait qu’il s’aime lui-même, de cette charité qui est au coeur de la Très Sainte Trinité, de le punir et d'en tirer vengeance. Par sa sainteté et sa sagesse Dieu ne peut être le prévaricateur de sa justice. Dieu offensé, Dieu abaissé, outragé et méprisé voudra se procurer la réparation de l'honneur qui lui a été ravi. La justice est aussi essentielle à Dieu que sa bonté. La Justice est même si nécessaire à sa bonté que sans elle, elle cesserait d'être bonté, et dégénérerait en lâcheté honteuse qui donnerait cours à tous les désordres imaginables.
Le temps pour obtenir la Miséricorde passera. Tel que le pécheur aura été trouvé à la mort, il y restera pendant toute l’éternité. Le jugement sera exercé sans miséricorde. Face au démon qui réclamera les âmes qui lui appartiennent pour s’être données à lui plutôt qu’à Dieu, il n'y aura plus de compassion, plus de grâce, plus de pénitence, plus de sacrements, plus aucun remède au péché. La miséricorde de Dieu, elle nous est donnée ici-bas, maintenant. Profitons-en aujourd’hui! Elle nous est donnée par chaque inspiration du Saint Esprit quiembellit notre âme, par la présence du prêtre et sa vie sacerdotale, par sa prédication et les catéchismes, par chaque sacrement que nous recevons, par chaque Messe pieusement suivie, par chaque absolution qui purifie notre âme, par chaque communion qui nous
unit à la charité divine. Malheur à ceux qui se privent de cette miséricorde lorsqu’elle est offerte, elle n’aura plus cours lorsqu’ils en auront le plus besoin.
Notre Divin Sauveur désire nous trouver prêts. Convertissons-nous et fuyons le péché par lequel nous serons jugés. Rectifions notre vie, surmontons les mauvaises tentations en leur résistant, et celles auxquelles nous avons succombé, expions-les par nos larmes et notre pénitence. Remplissons nous d’une sainte crainte, surnaturelle, celle d’offenser Dieu, celle de s’aimer soi-même davantage que le Sanctificateur et Rédempteur de nos âmes, infiniment bon et infiniment aimable, celle d’aimer le monde, qui passe et qui périra, davantage que son Créateur éternel. Cette crainte est salutaire, sa perte est le commencement de la réprobation. «N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde; car si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui.» (1 Jn 2, 15)